J’aurais pu mettre comme photo d’accroche le Big Ben, un bus rouge à deux étages, un taxi « black cab » ou la place de Picadilly Circus. Mais finalement, j’ai choisi de présenter un graff d’Amy Whinehouse pour souligner l’angle de ce billet consacré à Londres. Un Londres qui sort un peu plus des sentiers battus. L’objectif était avant tout de faire découvrir aux enfants le pays de Shakespeare et de les immerger le temps d’un week-end dans un bain linguistique. « Il faut bien apprendre l’anglais, ça vous sera toujours utile pour voyager ! ». De mon côté, je voulais revoir les quartiers alternatifs qui m’avaient tant charmé il y a 15 ans de cela et vous donner de bonnes adresses.

Camden town : le quartier rock, punk et gothique

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Dès notre arrivée, nous avons exploré les rues typiques de Camden town, quartier résidentiel d’Amy Whinehouse justement. Loin d’être une balade de pèlerinage, nous souhaitions surtout nous rendre dans un restaurant, Haché Burger, qui propose, d’après les guides touristiques, les meilleurs hamburgers de Londres. Accueil chaleureux, cadre original, carte très variée (une trentaine de déclinaisons dont des végétariennes à base de falafels), hamburgers avec du pain brioché type buns ou ciabatta, garniture généreuse et appétissante, frites ultra-croustillantes, prix raisonnable, je recommande vraiment ce restaurant.

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La promenade dans le dédale des ruelles du marché de Camden town évoque un souk version british, avec d’innombrables stands de fripes, de souvenirs I love London, de gadgets fluo en tout genre… souvent made in China, soyons honnête. Dans la rue principale, Camden road, nous avons plus entendu parler français qu’anglais. Normal, c’est un coin qui reste très touristique, mais malgré tout agréable à visiter. Si vous voulez ramener des Doc Martens, il y a du choix (mais pas à des prix imbattables). Camden town est cela dit réputé pour sa street food (dégustez des jacket potataoes, c’est pas cher et c’est bon).

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Natural History Museum : un fantastique musée dédié à la Nature

Le lendemain matin, direction le Natural History Museum dans le quartier de South Kensington, à 10 minutes à pied de Harrods. En tant qu’amoureux de la nature, c’était pour nous une étape incontournable. A l’arrivée, on est tombé sous le charme de cet édifice aux allures de cathédrale, construit en 1881. Au départ, c’est un médecin naturaliste et collectionneur, Hans Sloane (1660-1753) qui légua à sa mort plus de 80 000 objets et ouvrages, notamment recueillis lors de son expédition en Jamaïque en 1687 – on lui doit d’ailleurs l’introduction du chocolat en Angleterre-. Londres hérita alors d’un trésor considérable, placé au départ au Bristish Museum.

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Plus tard, Richard Owen, scientifique émérite, proposa de créer un muséum d’histoire naturelle qui accueillerait l’ensemble des collections de l’Empire britannique (ramenées des colonies aux quatre coins de la planète). Cet homme, spécialisé dans l’anatomie squelettique, fit une découverte qui bouleversa le monde. Il détermina l’existence d’un nouveau groupe de reptiles qu’il baptisa « dinosaures » (du grec signifiant « terribles lézards »). L’empreinte de cette trouvaille reste bien ancré dans le NHM de Londres. Dans le hall central, les visiteurs sont accueillis par Dippy, une reproduction d’un diplodocus grandeur nature installée en 1905. Une immense galerie (très pédagogique) est consacrée aux dinosaures, ne la manquez surtout pas !

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Le National History Museum, c’est aussi de splendides galeries sur la biologie humaine, les primates, les oiseaux, les mammifères, les insectes, la géologie, les minéraux et les météorites. Au total, le muséum détient 70 millions de spécimens dont une seule fraction est exposée au grand public, le reste étant conservé précieusement dans les archives souterraines… 350 scientifiques permanents œuvrent pour leur préservation et la découverte de nouveaux trésors partout dans le monde. Bref, c’est un incontournable que je vous invite tous à découvrir ! Comptez une bonne journée pour visiter toutes les ailes du bâtiment.

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Nous sommes ressortis du muséum plutôt affamés et intuitivement, nous avons traversé la rue pour atteindre Exhibition road, à la recherche d’un petit restaurant sympa. Il suffit de garder quels sont les établissements pleins pour éviter de se tromper. Au bout de 300 mètres, nous sommes tombés sur le Comptoir Libanais (in French), il y avait déjà pas mal de monde. Le cadre est vraiment atypique pour un resto oriental. C’est une sorte de cantine aux allures de bistrot des années 30 mais en version libanaise ! On est loin des décorations dorées too much. Côté cuisine, les prix sont raisonnables, les plats très frais et généreux (le mezze végétarien était délicieux), les boissons succulentes (je vous recommande les limonades, orange-grenade, pomme-menthe-gingembre)… Accueil souriant et service efficace, c’est une bonne adresse à retenir.

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Old spitafields market

Ce marché était situé à quelques minutes de notre hôtel. Construit en 1876, le bâtiment est un bel exemple d’architecture victorienne qui accueille aujourd’hui des boutiques plutôt tendance, assez orientées vintage et brocante. Au coeur du marché se trouvent des stands de bric-à-bric en tout genre pour les petits budgets. J’ai aimé ce lieu pour sa taille (à dimension humaine) et le large choix de magasins. On peut y passer l’après-midi sans craindre l’étouffement. Si Covent garden vous a fait une moindre impression, tentez le marché de Old Spitafield, vous ne serez pas déçu.

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Toujours dans le même quartier (métro Shoreditch High street ou Aldgate street), juste en face du marché couvert, nous avons mangé chez les Poppies of Spitafields, l’un des meilleurs restaurants londoniens de Fish & Chips (l’établissement existe depuis 1945). Ambiance Amérique des années 50 avec une salle lumineuse aux tons bleu pastel, un juke-box splendide, des serveuses lookées dans le même esprit… une fois encore, l’accueil a été chaleureux, le service rapide et les plats très bons (quoique un peu gras, mais ça on s’en doutait quand même un peu). Pour info, les poissons servis chez les Poppies sont issus de pêche durable (label MSC).

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Brick Lane : fief des Bangladais et des street-art’istes

Brick Lane street (ainsi que ses rues annexes) a été mon gros coup de coeur durant ce séjour. Elle se situe non loin du marché de Old Spitafields et est surnommée « Banglatown ». Si vous vous y rendez le soir, vous serez probablement alpagués par les rabateurs des restaurants indiens, pakistanais ou bangladais (certes très polis et gentils, mais au bout de la vingtième fois, on peut être lassé.). En revanche, pour vivre une expérience londonienne vraiment agréable, rendez-vous à Brick Lane le dimanche matin. Il s’y tient un marché alternatif assez incroyable dans lequel on retrouve essentiellement des objets d’occasion. Des pièces de mobylette, de la vieille vaisselle, des tissus indiens, des vestes en cuir, des magasins de vintage, des petites boutiques de créateurs initiateurs de nouvelles tendances, des stands de street-food à gogo… Là-bas se dévoile le vrai visage de Londres : une ville cosmopolite, chaleureuse et pleine de couleurs. J’en veux pour preuve ces oeuvres de street-art que l’on retrouve partout à Brick Lane…

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Depuis plusieurs années, les graffeurs expriment leur talent sur les murs de brique de ce quartier autrefois tristounet. Parmi eux, j’aime beaucoup le travail de Roa. Il représente des animaux géants (grue, rat, lapin…), en noir et blanc avec un effet crayonné qui lui est propre, qui semblent dénués de vie dans cet environnement urbain. Chacun trouvera dans ses dessins un ou des messages sur lesquels on est amené à méditer…

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Marlaky se démarque avec ses personnages fantasmagoriques haut en couleurs, alliant rondeurs et zig-zag (ci-dessus à droite). C’est le profil type du graffeur : illustrateur, graphiste et skater … Sur le marché de Brick Lane, la population du quartier est à l’image de ses murs : résolument jeune, arty, bo-bo, un peu déglinguée, mais cool et open-minded. Plusieurs d’entre eux sont venus me parler tandis que je prenais des photos. Un SDF m’a même guidé dans les petites rues paumées pour me montrer de nouveaux graffs.

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J’ai également aimé les oeuvres de James Cochran aka Jimmy C (voir ci-dessous), dont vous pouvez découvrir le travail sur cette vidéo relative au portrait de Usaïn Bolt. De loin, les visages semblent nets, mais de près, on remarque que sa manière de jouer avec les bombes est proche du pointillisme.

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Tout en haut de Brick Lane street, vous retrouverez une autre institution culinaire de Londres, la boulangerie-deli Beigel Bake, qui comme son nom l’indique ne vend que des bagels. Après avoir fait un billet sur le sujet, je ne pouvais pas manquer cette adresse ! J’ai pris des sandwichs pour notre retour en Eurostar, ils étaient délicieux. L’établissement étant ouvert 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, il est le rendez-vous à la fois des habitants du quartier, des badauds du dimanche et des noctambules.

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Enfin, dernière adresse à vous recommander, un salon de thé, Kahaila, dans lequel j’ai dégusté un carrot cake moelleux et aromatique à souhait, servi avec un thé noir brûlant. La décoration est vraiment classe, fait de briques et de bois. L’esprit roots de ce lieu traduit bien l’objectif fixé par les propriétaires : proposer un espace de détente gourmand, avec une orientation éco-citoyenne. Une partie de bénéfices obtenus est allouée en effet à des projets communautaires de quartier ou de bienfaisance. On n’y mange pas seulement. Concerts, slams et ateliers d’origami sont souvent organisés.

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Nous arrivons à la fin de ce long billet consacré à Londres. J’espère qu’il vous aura donné envie de découvrir cette capitale sous un angle différent et que vous serez tenté de vous rendre dans tous ces bons restaurants !